Le samedi 29 mai, dès dix heures, ami.e.s et sympathisant.e.s de la Commune se rassemblaient sur la place de la République, où une trentaine de stands les attendaient. Autour du stand des Amies et Amis et de celui du collectif « Vive la Commune », avaient pris place les stands des partis de gauche (PCF, NPA…), des syndicats (CGT, Solidaires…), des associations, des éditeurs amis (Libertalia, L e Temps des Cerises, les Cahiers d’Histoire, Politis…). Tandis que les gens déambulaient d’un stand à l’autre, que des petits groupes essayaient de s’afficher sur la statue de la République, le podium accueillait des prises de parole, des chanteurs. Notre stand était particulièrement sollicité, si bien qu’il fallut aller se réapprovisionner rue des Cinq-Diamants. Moment émouvant pour clore le podium, lorsque Francesca Solleville vint interpréter Le Temps des Cerises et La Canaille, ovationnée par toute l’assistance.
Arriva le moment du discours prononcé, au nom des Amies et Amis de la Commune, par Roger Martelli : « Pour la première fois depuis bien longtemps, nous allons marcher dans les rues de Paris, de la République, qui en a bien besoin, jusqu’au Mur des Fédérés, où le peuple a tant souffert. Nous qui nous réclamons de l’héritage de la Commune, nous allons marcher ensemble. On ne pouvait espérer un plus beau cadeau d’anniversaire, 150 ans après. Ainsi, plus que jamais, toutes et tous nous pouvons joyeusement crier : Vive la Commune ! Et maintenant, marchons vers le Mur…
À 14 heures, le cortège se forme à l’entrée de l’avenue de la République. Derrière la banderole unitaire du collectif et le carré de tête, viennent les Amies et Amis de la Commune et Faisons vivre la Commune, suivis de toutes les autres organisations, associations, collectifs, et de nombreux non-organisés. Le long cortège — 15 000 personnes ! — submerge l’avenue de la République, puis, par l’avenue Gambetta, monte vers l’entrée du Père-Lachaise. Pas de ballons, pas de camions sonorisés, mais une marée de drapeaux rouges, de banderoles et de pancartes, toutes plus inventives les unes que les autres, des slogans, des chants… Des applaudissements éclatent devant le lycée Voltaire, dont la façade est pavoisée de grands portraits de communardes, réalisés par les élèves.
La police nous barre l’accès de la place Gambetta, empêchant la lecture de la déclaration commune des organisateurs*. Nous sommes étroitement canalisés dans la petite rue des Rondeaux pour atteindre l’entrée du cimetière. L’autorisation d’entrée avait été accordée in extremis, et un dispositif rigoureux avait été prévu pour endiguer la foule : itinéraire fléché, impossibilité de s’en évader.
Devant le Mur, une foule compacte, d’où émergent drapeaux, banderoles et pancartes. Les gerbes, déposées au passage, s’amoncellent sous la plaque « Aux morts de la Commune ». Mais il faut avancer pour laisser la place aux suivants. Pour nous, qui avions la chance d’être en tête, cela ne fut pas trop compliqué. Mais il fallut un bon moment pour que le long ruban s’écoule en descendant vers le boulevard de Ménilmontant.